Histoire du Canada



Musée canadien de l'histoire

Les peuples fondateurs du Canada (Source: www.cic.gc.ca)

Les peuples autochtones

On croit que les ancêtres des peuples autochtones sont venus d'Asie il y a plusieurs milliers d'années. Ils étaient établis ici bien avant l'arrivée des premiers explorateurs européens en Amérique du Nord. Les cultures vivantes et diversifiées des Premières nations étaient enracinées dans des croyances religieuses liées à leur relation avec le Créateur, à leur milieu naturel et aux autres Autochtones.

Dans le Canada d'aujourd'hui, les peuples autochtones retrouvent leur fierté et leur confiance, et ils ont à leur actif de grandes réalisations dans les domaines de l'agriculture, de l'environnement, des affaires et des arts.

Aujourd'hui, le terme peuples autochtones désigne trois groupes distincts :

  1. Le mot Indien désigne tous les peuples autochtones sauf les Inuits et les Métis. Depuis les années 1970, on appelle aussi ces peuples autochtones les Premières nations. Aujourd'hui, près de la moitié des membres des Premières nations vivent dans environ 600 communautés au sein de réserves, et l'autre moitié habite hors des réserves, surtout dans les centres urbains.
  2. Les Inuits, terme signifiant « le peuple » en langue inuktitute, vivent dans de petites communautés de part et d'autre de l'Arctique. Leur connaissance de la terre, de la mer et de la faune sauvages leur a permis de s'adapter à l'un des milieux les plus arides de la planète.
  3. Les Métis sont un peuple distinct qui se compose de personnes nées de l'union d'Autochtones et d'Européens. La plupart vivent dans les provinces des Prairies. Ils viennent de milieux à la fois francophones et anglophones et parlent leur propre dialecte, le michif.

Environ 65 % des peuples autochtones sont des Premières nations, 30 % des Métis et 4 %, des Inuits.

Les français et les anglais

La société canadienne moderne est issue en grande partie des civilisations chrétiennes francophone et anglophone, amenées d'Europe par les colons. Le français et l'anglais définissent la réalité quotidienne de la plupart des gens et sont les deux langues officielles du Canada. Le gouvernement fédéral est tenu par la loi de fournir des services en français et en anglais partout au Canada.

Le Canada compte aujourd'hui 18 millions d'anglophones et 7 millions de francophones. Bien que la plupart des francophones vivent au Québec, un million de francophones vivent en Ontario, au Nouveau-Brunswick et au Manitoba. Les francophones sont aussi présents, mais de façon plus limitée, dans les autres provinces. Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue.

Les Acadiens sont les descendants de colons français établis dès 1604 dans ce qu'on appelle aujourd'hui les Maritimes. De 1755 à 1763, pendant la guerre entre la Grande-Bretagne et la France, plus des deux tiers des Acadiens ont été déportés hors de leur patrie. En dépit de cette épreuve, appelée le « Grand Dérangement », les Acadiens ont survécu et maintenu leur identité propre. Aujourd'hui, la culture acadienne est florissante et elle contribue au dynamisme du Canada français.

Les Québécois sont les habitants du Québec, en grande majorité francophones. La plupart sont les descendants de 8 500 immigrants français arrivés au cours des 17ème et 18ème siècles et conservent une identité, une culture et une langue qui leur sont uniques. En 2006, la Chambre des communes a reconnu que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. Un million d'Anglo-Québécois ont des origines remontant à 250 ans et forment un élément dynamique du tissu social québécois.

Le mode de vie dans les régions anglophones a été largement défini par des centaines de milliers de colons, de soldats et d'immigrants anglais, gallois, écossais et irlandais, arrivés entre le 17ème et le 20ème siècle. Des générations de pionniers et de bâtisseurs d'origine britannique, comme d'autres groupes, ont travaillé, se sont investies et ont enduré maintes épreuves afin d'établir les fondements du Canada. Cela explique en partie pourquoi on appelle généralement les anglophones (personnes parlant l'anglais) des Canadiens-anglais.

La diversité au Canada

Depuis les années 1800, la majorité des Canadiens sont nés au Canada. Toutefois, le Canada est souvent appelé une terre d'immigration du fait qu'au cours des deux siècles derniers, des millions de nouveaux arrivants ont contribué à construire et à défendre le mode de vie au Canada.

De nombreux groupes ethniques et religieux vivent et travaillent côte à côte pacifiquement, en fiers Canadiens. Les principaux groupes sont les Anglais, les Français, les Écossais, les Irlandais, les Allemands, les Italiens, les Chinois, les Autochtones, les Ukrainiens, les Hollandais, les Sud-Asiatiques et les Scandinaves. Depuis les années 1970, la plupart des immigrants viennent des pays asiatiques.

Des langues non officielles sont parlées dans de nombreux foyers canadiens. Les langues chinoises sont au deuxième rang de celles qui sont les plus parlées à la maison, après l'anglais, dans deux des plus grandes villes du Canada. À Vancouver, 13 % de la population parle l'une des langues chinoises à la maison, et 7 % à Toronto.

La grande majorité des Canadiens se disent chrétiens. Le groupe religieux qui compte le plus de fidèles est celui des catholiques. Il est suivi des Églises issues de la réforme protestante. Par ailleurs, le nombre de musulmans, de juifs, d'hindous, de sikhs et de membres d'autres religions ainsi que de personnes qui déclarent n'appartenir à aucune religion ne cesse d'augmenter.

Au Canada, l'État s'est traditionnellement allié avec les communautés religieuses afin de promouvoir le bien-être social, l'harmonie et le respect mutuel, d'offrir un enseignement et des soins de santé, de réinstaller les réfugiés et de maintenir la liberté de religion, d'expression religieuse et de conscience.

Ensemble, ces groupes diversifiés, qui ont en commun l'identité canadienne, forment la société multiculturelle d'aujourd'hui.

L'histoire du Canada (Source: www.cic.gc.ca)

Les peuples autochtones

Lorsque les Européens arrivent au Canada, ils constatent que toutes les régions sont habitées par des peuples autochtones, qu'ils appellent « Indiens », car les premiers explorateurs croyaient avoir atteint les Indes orientales. Ces peuples vivent de la terre, certains de la chasse et de la cueillette, d'autres, de l'agriculture.

Les Hurons-Wendats de la région des Grands Lacs sont, comme les Iroquois, des agriculteurs et des chasseurs. Les Cris et les Dénés du Nord-Ouest sont des chasseurs-cueilleurs. Les Sioux sont des nomades qui suivent les troupeaux de bisons (buffles). Les Inuits se nourrissent des animaux sauvages de l'Arctique. Les Autochtones de la côte Ouest font sécher et fumer le poisson pour le conserver. Les groupes autochtones se font souvent la guerre pour agrandir leur territoire, maîtriser les ressources et accroître leur prestige.

L'arrivée des négociants en fourrures, des missionnaires, des soldats et des colons européens modifie à jamais le mode de vie autochtone. Un grand nombre d'Autochtones meurent de maladies transmises par les Européens, contre lesquelles ils ne sont pas immunisés. Malgré tout, durant les 200 premières années de leur coexistence, Autochtones et Européens forment des liens économiques, religieux et militaires solides qui jettent les bases du Canada.

Les premiers européens

Les Vikings d'Islande, qui ont colonisé le Groenland il y a 1 000 ans, ont aussi atteint le Labrador et l'île de Terre-Neuve. Les vestiges de leur établissement, l'Anse aux Meadows, sont un site du patrimoine mondial.

L'exploration européenne commence véritablement en 1497, avec l'expédition de Jean Cabot, le premier à dessiner une carte de la côte Est du Canada.

De 1534 à 1542, Jacques Cartier traverse trois fois l'Atlantique, revendiquant des terres pour le roi de France, François 1er. Cartier entend deux guides qu'il a capturés prononcer le mot iroquois kanata, qui signifie « village ». Dès les années 1550, on voit apparaître le nom Canada sur les cartes.

En 1604, les explorateurs français Pierre de Monts et Samuel de Champlain fondent le premier établissement européen au nord de la Floride — premièrement à Île St.-Croix (aujourd'hui dans le Maine) et puis à Port-Royal, en Acadie (aujourd'hui Nouvelle-Écosse). En 1608, Champlain bâtit une forteresse sur l'emplacement actuel de la ville de Québec. Les colons doivent résister au climat rigoureux. Grâce à Champlain, les colons se sont alliés aux Algonquins, aux Montagnais et aux Hurons, ennemis historiques des Iroquois, et ont formé une confédération de cinq (par la suite six) Premières nations qui s'est battue aux côtés des établissements français pendant un siècle. Les Français et les Iroquois ont conclu la paix en 1701.

Les Français et les Autochtones collaborent à l'important commerce de la traite des fourrures, stimulé par la forte demande pour les peaux de castor en Europe. Des dirigeants exceptionnels, comme Jean Talon, Monseigneur de Laval et le comte de Frontenac, bâtissent en Amérique du Nord un empire français qui s'étend de la baie d'Hudson au golfe du Mexique.

En 1670, le roi Charles II d'Angleterre accorde à la Compagnie de la Baie d'Hudson l'exclusivité du commerce dans le bassin hydrographique se déversant dans la baie d'Hudson. Durant les 100 années qui suivent, la Compagnie fait concurrence aux négociants établis à Montréal. Les hommes habiles et courageux qui se déplacent en canot, appelés voyageurs ou coureurs des bois, forment de solides alliances avec les Premières nations.

Les colonies anglaises établies dès le début du 17ème siècle le long de la côte atlantique finissent par devenir plus riches et plus peuplées que la Nouvelle-France. Au 18ème siècle, la France et la Grande-Bretagne se font la guerre pour devenir maîtres de l'Amérique du Nord. En 1759, les Britanniques gagnent la bataille des plaines d'Abraham à Québec, marquant ainsi la fin de l'Empire français en Amérique. Les commandants des deux armées, le brigadier James Wolfe et le marquis de Montcalm, sont tués tandis qu'ils mènent leurs troupes au combat.

Après la guerre, la Grande-Bretagne donne à la colonie le nom de « Province de Québec ». Les francophones catholiques, appelés habitants ou Canadiens, cherchent à préserver leur mode de vie au sein de l'Empire britannique anglophone dirigé par des protestants.

Afin de mieux administrer la majorité catholique romaine francophone, le Parlement britannique adopte l'Acte de Québec en 1774. L'un des fondements constitutionnels du Canada, l'Acte de Québec adapte les principes des institutions britanniques à la réalité de la province. Il accorde la liberté religieuse aux catholiques et leur permet d'exercer des fonctions officielles, une pratique non autorisée en Grande-Bretagne à l'époque. L'Acte de Québec prévoit que les règles juridiques françaises seront de nouveau appliquées pour les affaires civiles, et que les règles juridiques anglaises continueront d'être appliquées pour les affaires criminelles.

En 1776, les treize colonies britanniques au sud du Québec proclament leur indépendance et forment les États-Unis. L'Amérique du Nord est de nouveau divisée par la guerre. Plus de 40 000 personnes fidèles à la Couronne, les « loyalistes », fuient l'oppression de la Révolution américaine afin de s'établir en Nouvelle-Écosse et au Québec. Joseph Brant conduit des milliers d'Indiens mohawks loyalistes au Canada. Les loyalistes sont notamment d'origine hollandaise, allemande, britannique, scandinave, autochtone et d'autres origines, et de confession presbytérienne, anglicane, baptiste, méthodiste, juive, quaker et catholique. Quelque 3 000 loyalistes noirs, esclaves ou affranchis, viennent vers le nord à la recherche d'une vie meilleure. Par la suite, certains Néo-Écossais noirs, ayant reçu des terres stériles, se sont rendus en Afrique de l'Ouest en 1792 afin d'y établir Freetown, en Sierra Leone, nouvelle colonie britannique pour les esclaves affranchis.

Abolition de l'esclavage

L'esclavage a existé dans le monde entier, en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et jusqu'aux Amériques. Le premier mouvement en faveur de l'abolition du commerce transatlantique des esclaves apparaît au sein du Parlement britannique à la fin des années 1700. En 1793, le Haut-Canada, dirigé par le lieutenant gouverneur John Graves Simcoe, un officier militaire loyaliste, est la première province de l'Empire à prendre le virage de l'abolition. En 1807, le Parlement britannique interdit la vente et l'achat d'esclaves et abolit ensuite l'esclavage dans tout l'Empire en 1833. Des milliers d'esclaves fuient les États Unis. Ils suivent « l'étoile du Nord » et s'établissent au Canada grâce au « chemin de fer clandestin », un réseau chrétien antiesclavagiste.

Une économie en croissance

Les premières entreprises au Canada, formées sous les régimes français et britannique, se font concurrence pour la traite des fourrures. La Compagnie de la Baie d'Hudson, dont les employés sont français, britanniques et autochtones, en vient à dominer le commerce dans le Nord-Ouest, de Fort Garry (Winnipeg) et Fort Edmonton à Fort Langley (près de Vancouver) et Fort Victoria — des postes de traite devenus plus tard des villes.

Les premières institutions financières voient le jour à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème siècle. La Bourse de Montréal est créée en 1832. Pendant des siècles, l'économie du Canada repose essentiellement sur l'agriculture et l'exportation de ressources naturelles, comme la fourrure, le poisson et le bois de sciage, qui sont transportées par les routes, les lacs, les fleuves et les canaux.

En 1814, la tentative de conquête du Canada par les Américains est un échec complet. Les Britanniques mettent en place un coûteux système de défense au Canada, notamment les citadelles de Halifax et de Québec, la cale sèche à Halifax et Fort Henry à Kingston, qui sont aujourd'hui des lieux historiques populaires. La frontière canado-américaine actuelle a été en partie tracée à la suite de la guerre de 1812, qui a permis de garantir que le Canada resterait indépendant des États-Unis.

Le duc de Wellington a envoyé quelques-uns de ses meilleurs soldats pour défendre le Canada en 1814. Il a ensuite décidé de terminer le canal Rideau à Bytown (Ottawa) dans le cadre de la mise en place d'un réseau de forts visant à empêcher les États-Unis d'envahir encore une fois le Canada. Wellington, qui a vaincu Napoléon en 1815, a donc joué un rôle direct dans la fondation de la capitale nationale

En 1813, Laura Secord, pionnière, femme et mère de cinq enfants, a entrepris une marche dangereuse de 30 km afin d'avertir le lieutenant James FitzGibbon d'une attaque planifiée par les Américains. Sa bravoure a contribué à la victoire remportée à Beaver Dams. Son héroïsme est encore reconnu aujourd'hui

Les rébellions de 1837 et 1838

Durant les années 1830, les réformateurs du Haut-Canada et du Bas-Canada estiment que les progrès vers la démocratie véritable sont trop lents. Certains sont d'avis que le Canada devrait adopter les valeurs républicaines des Américains ou même essayer de se joindre aux États-Unis. Lorsque des rébellions armées se produisent en 1837 et 1838 aux environs de Montréal et à Toronto, les rebelles n'obtiennent pas l'appui de la population qu'il leur faudrait pour réussir. Ils sont défaits par les troupes britanniques et des volontaires canadiens. Plusieurs rebelles sont pendus ou envoyés en exil; certains de ces derniers reviendront plus tard au pays.

Lord Durham, un réformateur anglais dépêché pour faire rapport sur les rébellions, recommande de fusionner le Haut-Canada et le Bas-Canada et de les doter d'un gouvernement responsable. Cela signifie que les ministres de la Couronne doivent obtenir le soutien de la majorité des représentants élus pour gouverner. Suscitant la controverse, lord Durham ajoute que le moyen le plus rapide pour les Canadiens français de réaliser des progrès est de s'assimiler à la culture protestante anglophone. Cette recommandation illustre une incompréhension totale des Canadiens français, qui cherchent à protéger l'identité distincte du Canada francophone.

Certains réformateurs, dont sir Étienne-Paschal Taché et sir George-Étienne Cartier, deviendront plus tard des Pères de la Confédération (voir ci-dessous), de même qu'un ancien membre des troupes gouvernementales volontaires du Haut-Canada, sir John A. Macdonald.

Gouvernement responsable

En 1840, le Haut-Canada et le Bas-Canada sont réunis pour former la Province du Canada. Des réformateurs comme sir Louis-Hippolyte La Fontaine et Robert Baldwin, de même que Joseph Howe en Nouvelle-Écosse, collaborent avec les gouverneurs britanniques à l'établissement d'un gouvernement responsable.

La première colonie de l'Amérique du Nord britannique à se doter d'un gouvernement pleinement responsable est la Nouvelle-Écosse, en 1847–1848. En 1848–1849, le gouverneur du Canada-Uni, lord Elgin, avec les encouragements de Londres, établit un gouvernement responsable.

Ce système est celui que nous avons aujourd'hui : si le gouvernement perd un vote de confiance à l'assemblée législative, il doit démissionner. La Fontaine, défenseur de la démocratie et des droits des francophones, devient le premier chef d'un gouvernement responsable des deux Canadas.

Confédération

De 1864 à 1867, les représentants de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de la Province du Canada, avec l'appui des Britanniques, travaillent ensemble pour créer un nouveau pays. On appelle ces hommes les Pères de la Confédération. Ils instaurent deux ordres de gouvernement, soit le fédéral et le provincial. L'ancienne Province du Canada est séparée en deux nouvelles provinces : l'Ontario et le Québec, qui, ensemble, avec le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, forment le nouveau pays appelé le Dominion (ou Puissance) du Canada. Chaque province élit sa propre assemblée législative et exerce son autorité sur des domaines tels que l'éducation et la santé.

L'Acte de l'Amérique du Nord britannique est adopté par le Parlement britannique en 1867. Le Dominion du Canada est officiellement créé le 1er juillet 1867. Jusqu'en 1982, le 1er juillet est célébré sous le nom de « Fête du Dominion » afin de commémorer le jour où le Canada est devenu un dominion doté d'un gouvernement autonome. Aujourd'hui, cette fête est officiellement connue sous le nom de « Fête du Canada ».

Élargissement du Dominion

  • 1867 — Ontario, Québec, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick
  • 1870 — Manitoba, Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.)
  • 1871 — Colombie-Britannique
  • 1873 — Île-du-Prince-Édouard
  • 1880 — Transfert des îles de l'Arctique (aux T.N.-O.)
  • 1898 — Territoire du Yukon
  • 1905 — Alberta, Saskatchewan
  • 1949 — Terre-Neuve et Labrador
  • 1999 — Nunavut

Contestation dans l'Ouest

Quand, en 1869, le Canada prend possession des vastes régions du Nord-Ouest transférés par la Compagnie de la Baie d'Hudson, les 12 000 Métis de la rivière Rouge ne sont pas consultés. En réaction, Louis Riel mène une révolte armée et s'empare de Fort Garry, la capitale territoriale. L'avenir du Canada est menacé. Comment le Dominion peut-il s'étendre d'une mer à l'autre s'il ne domine pas son territoire?

En 1870, Ottawa envoie des soldats pour reprendre Fort Garry. Riel s'enfuit aux États-Unis et le Canada crée une nouvelle province, le Manitoba. Riel est élu au Parlement, mais il n'occupera jamais son siège. Plus tard, les droits des Métis et des Indiens sont de nouveau menacés par l'accroissement de la colonisation vers l'Ouest et, en 1885, une deuxième révolte dans l'actuelle Saskatchewan mène au procès de Riel et à son exécution pour haute trahison, jugement auquel s'oppose fermement le Québec. Beaucoup voient en Riel un héros, un défenseur des droits des Métis et le père du Manitoba.

En 1873, après la première révolte des Métis, Macdonald crée la Police à cheval du Nord-Ouest afin de pacifier l'Ouest et de faciliter les négociations avec les Indiens. La Police fonde Fort Calgary, Fort MacLeod, et d'autres centres qui sont devenus d'importantes villes. Regina devient son quartier général. Aujourd'hui, la Gendarmerie royale du Canada (GRC ou « police montée ») est la force nationale de police et l'un des symboles les plus connus du Canada. Certains des héros les plus colorés du Canada, comme le major-général sir Sam Steele, sont issus des rangs de la police montée.

Migration vers l'Ouest

L'économie du Canada se développe et s'industrialise durant le boom économique des années 1890 et du début du 20ème siècle. À cette époque, un million de Britanniques et un million d'Américains immigrent au Canada.

Sir Wilfrid Laurier est le premier Canadien français à devenir premier ministre depuis la Confédération. Son portrait figure sur les billets de cinq dollars. Il encourage l'immigration vers l'Ouest, et grâce au chemin de fer, 170 000 Ukrainiens, 115 000 Polonais et des dizaines de milliers d'Allemands, de Français, de Norvégiens, de Suédois et d'autres immigrants s'établissent dans l'Ouest canadien avant 1914 et y développent un secteur agricole prospère.

La Première Guerre mondiale

La plupart des Canadiens sont fiers de faire partie de l'Empire britannique. Plus de 7 000 se portent volontaires pour participer à la Guerre d'Afrique du Sud (1899–1902), communément appelée la guerre des Boers, où plus de 260 d'entre eux trouvent la mort. En 1900, des Canadiens combattent dans les batailles de Paardeberg (« montagne aux chevaux ») et de Lillefontein, des victoires qui renforcent la fierté nationale au Canada.

Quand l'Allemagne attaque la Belgique et la France en 1914 et que la Grande-Bretagne déclare la guerre, Ottawa constitue le Corps expéditionnaire canadien (devenu plus tard le Corps canadien). Plus de 600 000 Canadiens participent à la guerre — la plupart volontairement — sur une population totale de 8 millions.

Sur le champ de bataille, les soldats canadiens se révèlent combatifs et audacieux. Le Canada prend part à la tragédie et au triomphe du Front de l'Ouest. Le Corps canadien s'empare de la crête de Vimy en avril 1917, au prix de 10 000 morts et blessés, solidifiant ainsi la réputation de bravoure des Canadiens en tant que « troupes de choc de l'Empire britannique ». Un officier canadien a affirmé : [traduction libre] « C'était tout le Canada de l'Atlantique au Pacifique qui passait. Pendant ces quelques minutes, j'ai assisté à la naissance d'un pays ». Le 9 avril est le Jour de la bataille de Vimy.

Malheureusement, de 1914 à 1920, Ottawa a interné plus de 8 000 anciens ressortissants austro-hongrois, principalement des Ukrainiens de sexe masculin, à titre de « ressortissants d'un pays ennemi » dans 24 camps de travail partout au pays, même si la Grande-Bretagne avait déconseillé au Canada de le faire.

Sous le commandement du général sir Arthur Currie, le plus grand soldat canadien, le Corps canadien progresse aux côtés des soldats français et britanniques durant les cent derniers jours du conflit. C'est alors qu'a lieu la bataille victorieuse d'Amiens, le 8 août 1918 – date que les Allemands ont baptisée « le jour noir de l'armée allemande » –, suivie de celles d'Arras, du Canal du Nord, de Cambrai et de Mons. Avec la capitulation de l'Allemagne et de l'Autriche, la guerre prend fin à l'Armistice, le 11 novembre 1918. Au total, 60 000 Canadiens ont été tués et 170 000, blessés. La guerre a renforcé à la fois la fierté nationale et la fierté impériale, surtout dans le Canada anglais.

Les femmes obtiennent le droit de vote

À l'époque de la Confédération, le droit de vote est limité aux hommes blancs adultes et propriétaires, ce qui est courant dans la plupart des pays démocratiques de l'époque. Les efforts des femmes pour obtenir le droit de vote sont connus sous le nom de « mouvement des suffragettes ». La fondatrice de ce mouvement est la Dre Emily Stowe, première femme canadienne à pratiquer la médecine au Canada. En 1916, le Manitoba devient la première province à accorder le droit de vote aux femmes.

En 1917, grâce aux efforts mobilisateurs de femmes comme la Dre Stowe et d'autres suffragettes, le gouvernement fédéral de sir Robert Borden donne aux femmes le droit de vote aux élections fédérales – d'abord aux infirmières qui se trouvent au front, puis aux femmes ayant un lien de parenté avec des hommes en service militaire actif. En 1918, la plupart des citoyennes canadiennes d'au moins 21 ans ont le droit de voter aux élections fédérales. En 1921, Agnes Macphail, fermière et enseignante, devient la première députée. En raison du travail de Thérèse Casgrain et d'autres personnes, le Québec a accordé le droit de vote aux femmes en 1940

L'entre-deux-guerres

Après la Première Guerre mondiale, l'Empire britannique se transforme en une association libre d'États connue sous le nom de Commonwealth britannique des nations. Le Canada demeure aujourd'hui l'un des principaux membres du Commonwealth, avec d'autres États successeurs de l'Empire comme l'Inde, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, en plus de nombreux pays d'Afrique et des Antilles.

On appelle les « Années folles » les années 1920, une période de grande prospérité économique et de faible chômage. Les Années folles se terminent toutefois par le krach boursier de 1929 et laissent place à la Grande Dépression, une décennie sombre durant laquelle le chômage atteint 27 % — en 1933 — et beaucoup d'entreprises sont anéanties. Les agriculteurs de l'Ouest canadien sont les plus durement touchés, en raison des prix faibles et d'une terrible sécheresse.

On réclame de plus en plus du gouvernement qu'il crée un filet de sécurité sociale avec un salaire minimum, une semaine de travail normalisée et des programmes comme l'assurance-chômage. La Banque du Canada, une banque centrale chargée de gérer la masse monétaire et d'apporter la stabilité au système financier, est créée en 1934. L'immigration diminue et beaucoup de réfugiés sont refusés, y compris des Juifs essayant de fuir l'Allemagne nazie en 1939.

La Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale débute en 1939, quand Adolf Hitler, le dictateur national-socialiste (nazi) de l'Allemagne, envahit la Pologne et conquiert une grande partie de l'Europe. Le Canada s'unit à ses alliés démocratiques pour combattre et vaincre cette tyrannie par la force des armes.

Plus d'un million de Canadiens et de Terre-Neuviens participent à la Seconde Guerre mondiale, soit une proportion élevée de la population de 11,5 millions d'habitants, et de ce nombre, 44 000 sont tués.

Les Canadiens combattent bravement et subissent des pertes dans la défense infructueuse de Hong Kong (1941), attaquée par l'empire du Japon, et dans un raid raté contre les nazis à Dieppe, sur la côte française (1942).

L'Aviation royale du Canada participe à la bataille d'Angleterre et fournit bon nombre des membres d'équipage du Commonwealth pour les bombardiers et les chasseurs en Europe. Le Canada contribue plus que tout autre pays du Commonwealth à l'effort aérien des Alliés; en effet, plus de 130 000 membres d'équipage alliés sont formés au Canada dans le cadre du Programme d'entraînement aérien du Commonwealth britannique.

La Marine royale du Canada connaît son moment de gloire dans la bataille de l'Atlantique, alors qu'elle protège des convois de navires marchands contre les sous-marins allemands. La marine marchande du Canada aide à nourrir, à vêtir et à réapprovisionner la Grande-Bretagne.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Canada dispose de la troisième marine en importance au monde.

Durant la guerre du Pacifique, le Japon envahit les îles Aléoutiennes, attaque un phare sur l'île de Vancouver, lance des ballons piégés au-dessus de la Colombie-Britannique et des Prairies et maltraite gravement des prisonniers de guerre canadiens capturés à Hong Kong. Le Japon capitule le 14 août 1945, mettant ainsi fin à quatre années de guerre dans le Pacifique.

Malheureusement, compte tenu de l'état de guerre et sous la pression de l'opinion publique en Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral déplace contre leur gré de nombreux Canadiens d'origine japonaise et procède à la vente de leurs biens sans les compenser, même si l'armée et la GRC soutiennent que ces personnes présentent peu de danger pour le pays. En 1988, le gouvernement du Canada a présenté ses excuses aux Canadiens d'origine japonaise pour les torts causés en temps de guerre et a indemnisé les victimes.

Le Canada moderne

Le Canada d'après-guerre connaît une prospérité record et d'importants progrès. Des traités comme l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), aujourd'hui l'Organisation mondiale du commerce (OMC), permettent d'assouplir les politiques commerciales restrictives appliquées partout dans le monde pendant la Grande Dépression. La découverte de gisements de pétrole en Alberta en 1947 lance l'industrie énergétique moderne du Canada. En 1951, pour la première fois, une majorité de Canadiens peuvent se nourrir, se loger et se vêtir de manière adéquate. Entre 1945 et 1970, le Canada se rapproche des États-Unis et d'autres partenaires commerciaux, et l'économie canadienne devient l'une des plus florissantes parmi les nations industrialisées. Aujourd'hui, le niveau de vie des Canadiens – maintenu par leur travail acharné et leurs échanges commerciaux avec d'autres pays, notamment les États-Unis – est l'un des plus élevés du monde.

Plus la prospérité du Canada grandit, plus croît sa capacité de soutenir ses programmes d'aide sociale. On adopte la Loi canadienne sur la santé, qui garantit des éléments communs et une norme de protection de base; le gouvernement fédéral crée, en 1940, l'assurance-chômage (maintenant appelée « assurance-emploi »); le Programme de la sécurité de la vieillesse remonte à 1927; le Régime de pensions du Canada et le Régime des rentes du Québec existent depuis 1965. De plus, les provinces et les territoires offrent une éducation subventionnée par l'État.

Engagement international

Comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande et d'autres pays, le Canada devient progressivement de plus en plus autonome et est maintenant en mesure de faire des contributions considérables à l'échelle internationale.

La Guerre froide débute quand plusieurs pays libérés d'Europe de l'Est deviennent membres d'un bloc communiste contrôlé par l'Union soviétique sous la dictature de Joseph Staline. Le Canada s'unit à d'autres pays démocratiques occidentaux pour former une alliance militaire appelée l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN); il crée avec les États-Unis le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD). Le Canada devient membre d'organisations internationales telles que l'Organisation des Nations Unies (ONU). Il participe à l'opération de l'ONU en vue de défendre la Corée du Sud dans la guerre de Corée (1950-1953), avec un bilan de 500 morts et de 1 000 blessés. Il prend aussi part à de nombreuses missions de maintien de la paix de l'ONU dans des pays aussi divers que l'Égypte, Chypre et Haïti, ainsi qu'à d'autres opérations internationales de sécurité, notamment en ex-Yougoslavie et en Afghanistan.

Le Canada et le Québec

Durant les années qui suivent la guerre, les Canadiens français s'épanouissent sur le plan tant social que culturel. Les années 1960 sont au Québec une époque de changements rapides appelée la « Révolution tranquille ». Beaucoup de Québécois cherchent à se séparer du Canada. En 1963, le Parlement établit la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, qui aboutit à l'adoption de la Loi sur les langues officielles (1969), garantissant des services offerts en français et en anglais par le gouvernement fédéral partout au Canada. En 1970, le Canada participe à la création de la Francophonie, une association internationale de pays francophones.

Le mouvement pour la souveraineté du Québec prend de l'ampleur, mais il est défait lors d'un référendum organisé dans la province en 1980. Après beaucoup de négociations, en 1982, la Constitution est modifiée sans l'accord du Québec. Même si le mouvement pour la souveraineté est défait une fois de plus lors d'un second référendum en 1995, l'autonomie du Québec dans le Canada suscite encore des débats à l'heure actuelle et anime en partie la dynamique qui continue de façonner notre pays.

Une société en évolution

Avec l'évolution des valeurs sociales pendant plus de cinquante ans, le Canada devient une société plus souple et plus ouverte. Beaucoup profitent de l'élargissement des possibilités d'études secondaires et postsecondaires, et de plus en plus de femmes deviennent des travailleuses professionnelles.

La plupart des Canadiens d'origine asiatique s'étaient vu refuser dans le passé le droit de voter aux élections fédérales et provinciales, mais les derniers d'entre eux à ne pas posséder ce droit, les Canadiens d'origine japonaise, finissent par l'obtenir en 1948. Les Autochtones, quant à eux, acquièrent le droit de vote en 1960. Aujourd'hui, tous les citoyens âgés d'au moins 18 ans peuvent voter.

Le Canada accueille des milliers de réfugiés fuyant l'oppression communiste, dont environ 37 000 ayant échappé à la tyrannie soviétique en Hongrie en 1956. Avec la victoire communiste de 1975 à la fin de la guerre du Vietnam, beaucoup de Vietnamiens fuient et plus de 50 000 d'entre eux cherchent asile au Canada.

L'idée du multiculturalisme, résultat de l'immigration des 19ème et 20ème siècles, prend un nouvel élan. Dès les années 1960, le tiers des Canadiens ont une origine autre que britannique ou française et sont fiers de conserver leur culture distincte dans la mosaïque canadienne. De nos jours, la diversité enrichit la vie des Canadiens, surtout dans nos villes.

Les découvertes scientifiques et technologiques du Canada sont réputées internationalement et changent la façon dont le monde communique et fait des affaires. Marshall McLuhan et Harold Innis sont des penseurs avant-gardistes. Le Canada est reconnu par les autres pays pour son excellence en sciences et en recherche et des étudiants, chercheurs et entrepreneurs de calibre international y viennent pour réaliser leurs travaux en recherche en médecine, en télécommunications et dans d'autres domaines. Depuis 1989, l'Agence spatiale canadienne et les astronautes canadiens participent à l'exploration spatiale, utilisant souvent le bras robotique conçu et construit par des Canadiens pour la navette spatiale américaine. Gerhard Herzberg — un réfugié de l'Allemagne nazie — John Polanyi, Sidney Altman, Richard E. Taylor, Michael Smith et Bertram Brockhouse, des scientifiques canadiens, remportent le prix Nobel

Les 5 derniers premiers ministres du Canada

  • 1968: P. E. Trudeau, premier ministre libéral
  • Septembre 1984 - Oct 1993: B. Mulroney, premier ministre, conservateur
  • 25 Octobre 1993: Jean Chrétien, premier ministre, libéral; opposition officielle = Bloc québécois; autres partis : Reform Party, Conservateur, Nouveau Parti démocratique
  • 2 Juin 1997: Jean Chrétien réélu. Opposition officielle: Reform Party
  • 12 Décembre 2003: Paul Martin, premier ministre, libéral
  • 6 Février 2006: Stephen Harper, premier ministre, conservateur
  • 14 Octobre 2008: Stephen Harper réélu minoritaire
  • 2 Mai 2011: Stephen Harper réélu majoritaire. Opposition officielle: Nouveau Parti démocratique
  • 19 Octobre 2015 : Justin Trudeau (Parti libéral) élu majoritaire. Opposition officielle: Parti conservateur
19 Octobre 2015